samedi 16 octobre 2010

Manifs Lycéennes et violences policières du mois d'octobre 2010

Leur presse :



3 vidéos de Mediapart : Part one...


Part tou...


Part trois...


Europe 1 (une vidéo) :
J.B. Prevost s'exprime sur les violences policières et la pression des préfets sur les keufs, pour qu'ils soient plus violents avec les "lycéens" (les djeuns quoi)





RMC :

Manifestations lycéennes : « Un déferlement de violences »

Des affrontements entre jeunes et policiers se sont produits jeudi, en Ile-de-France comme en province, lors des manifestations lycéennes contre la réforme des retraites. Le syndicat de police Alliance dénonce « un déferlement de violences ».

Des affrontements entre jeunes et policiers se sont produits jeudi dans le pays, en particulier en Ile-de-France, tandis que des milliers de lycéens manifestaient contre la réforme des retraites.

A Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), des vitrines ont été brisées et des policiers ont été la cible de projectiles. A Argenteuil (Val d'Oise), plusieurs manifestations ont été dispersées. Aux Mureaux (Yvelines), quatre lycéennes ont été commotionnées, et des incidents ont eu lieu. Dans le Val d'Oise, 45 jeunes ont été interpellés. Ils étaient une quinzaine dans le Val-de-Marne.

En province, des incidents ont également eu lieu à Nîmes, Lyon, Lens ou encore Bordeaux, où une jeune fille a été blessée à la tête par un pétard.

« Il risque de perdre un œil »



L’affrontement le plus violent s’est produit à Montreuil, en région parisienne. Un lycéen âgé de 16 ans a été blessé à l'œil par un tir de flash-ball. Il « risque de perdre un œil » a affirmé la maire (Verts) de Montreuil, Dominique Voynet, dénonçant des « violences policières ». La préfecture, qui avait qualifié de « légères » ces blessures plus tôt dans la journée, a précisé que ces informations venaient des services médicaux. L'Inspection générale des Services, la police des polices, a été saisie à la demande du préfet de Seine-Saint-Denis, Christian Lambert.

« Attendons donc les résultats pour savoir s'il y a eu abus ! Et s'il y a eu abus, naturellement, ils [les policiers] seront sanctionnés », a déclaré le ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux.

« A partir du moment où des lycéens bloquent des établissements, nous ne pouvons plus répondre de leur sécurité, car certains blocages risquent de dégénérer en début d'émeutes urbaines », a expliqué l'inspecteur d'académie de Seine-Saint-Denis, Daniel Auverlot, à l’AFP. « Des éléments incontrôlables, qui n'appartiennent d'ailleurs souvent pas à l'établissement, profitent des blocages pour jeter des projectiles et commettre des dégradations. Et c'est regrettable », a-t-il ajouté.

« Les policiers doivent être équipés »

Jean-Claude Delage, secrétaire général du syndicat de police Alliance, dénonce sur RMC « certaines prises de position, plus ou moins claires, sur la participation des étudiants et des lycéens aux manifestations contre la réforme des retraites ». « Nous ne saurions accepter que les mouvements revendicatifs puissent servir de prétexte à des individus prêts a en découdre » avec les forces de l'ordre « et qui s'autoriseraient, en toute impunité, à casser et à brûler les biens d'autrui », ajoute-t-il. « Face à ce déferlement de violences, les policiers engagés sur des maintiens de l'ordre, souvent en nombre restreint, doivent être équipés impérativement des moyens de défense mis à leur disposition » conclue-t-il.



Le Figaro :

Lycéen blessé: Voynet va porter plainte 

La maire de Montreuil, Dominique Voynet a déclaré aujourd'hui qu'elle avait l'intention de porter plainte après qu'un lycéen a été blessé hier dans sa ville par un tir de flash-ball lors d'une manifestation. Dominique Voynet a également déclaré qu'elle entendait saisir de ces faits la Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS).

Elle demande aussi "l'interdiction du flash ball". "Quand c'est apparu, on disait que c'était une arme non létale. C'est en fait une arme très dangereuse, imprécise, qui peut défoncer les os. On ne peut pas banaliser l'usage d'une arme censée être utilisée dans des situations de guerre", a souligné l'élue. Dominique Voynet dénonce "les gestes inconsidérés d'hier conduisant à des troubles dans la ville qui nuisent à l'image de Montreuil et de ses jeunes".

Des affrontements opposant des jeunes et des policiers se sont produits jeudi devant le lycée Jean-Jaurès, alors que des milliers de lycéens manifestaient en France contre la réforme des retraites. Le lycéen blessé souffre d'un décollement de la rétine, de multiples fractures à la pommette et va être opéré aujourd'hui.



Notre presse



Anarkhia

Les deux maisons occupées rue de la demi-lune ont été expulsées ce matin, une dizaine de camions de police ont envahi la rue et alentour. Les pelleteuses suivaient derrière pour immédiatement détruire les deux maisons.

Les flics sont arrivés vers 7h, ils venaient d’expulser un autre squat à quelques rues de là. Une grande journée opération policière, plusieurs squats à expulser et déballage policier dans toutes les rues..

Au même moment, la police municipale et les agents de la « tranquillité publique » (sécurité mairie) essayent de faire sortir une personne squattant depuis un mois un bâtiment de la mairie sur le boulevard de La Boissière. Hier, les agents de la mairie entrent avec un maître chien et lui disent de dégager, ils lâchent le chien qui mord aussitôt la personne. Comme il occupe les lieux, il a les clés de toutes les portes, et s’est enfermé à l’intérieur. Depuis un vigile et son chien reste devant en attendant qu’ils sortent, ce matin les agents de la mairie soudent la plupart des portes pour l’empêcher de circuler et le pousser à sortir. Il tient encore le siège.

Au même moment, les lycées de Montreuil sont en grève et sont bloqués, par les lycéens. Plusieurs camions de CRS sont envoyés là-bas pour les dégager, grande journée répression. Les flics ont tiré au flashball à l’intérieur des locaux, un lycéen est touché au visage. La police a chargé sur le blocage, la personne touchée est plongé dans le coma aux dernières nouvelles.

Au même moment, 6 personnes sans-papiers expulsés d’un squat tôt ce matin, pas loin de la demi-lune, sont en garde à vue. Des personnes dans les rues autour de la demi-lune sont arrétées et mises en garde à vue.

L’expulsion de la demi-lune a été longue, du temps pour vider les affaires, et surtout, une habitante est enceinte de 9 mois, les pompiers arrivent pour la sortir et l’emmener.

Rassemblement à 13h devant la Mairie en soutien aux lycéens, d’autres rassemblements dans la journée à Montreuil sans doute.

En réponse à l’expulsion des demies lunes de Montreuil, à l’expulsion simultanée d’un squat de sans papiers dans cette même ville, ainsi qu’à la répression corollaire (un lycéen de Jean Jaures s’est pris un coup de flashball dans la tête : rassemblement de soutien devant la mairie de Montreuil à 15h

Deux expulsions dans la même journée, une charge, des tirs de flashball, des arrestations, horreurs des grandes journées policières tout ça ne se passera pas sans bruits, sans colères. Nous ne partirons pas de Montreuil, de la rue, d’une maison occupée ou du blocage d’un lycée "



Indymedia Paris (via le JL)

Montreuil 15 octobre à 14h devant la mairie. Solidarité avec les Roms
 
Vendredi à 14h devant la mairie de Montreuil, Rassemblement pour soutenir des familles roms, toujours sans logement depuis deux semaines que leur expulsion a eu lieu. Suite aux expulsions très médiatiques de roms à Montreuil cet été, la mairie appelait à la RÉSISTANCE contre une campagne xénophobe. Caméras parties ? Les familles roms dorment toujours sur le trottoir. Ce ne sont pourtant pas les batiments vides qui manquent, dont beaucoup appartiennent à la mairie. C’est ce qu’entendaient démontrer la semaine dernière des soutiens en en ouvrant un. Les flics embarquèrent alors 5 personnes dont deux Roms mineurs, qui toutes passeront la nuit en GAV, avec à la sortie une plainte de la mairie pour dégradations.
 
Impossible de rester indifférents à cette situation. Le plus important n’est pas de démasquer les usurpateurs qui nous servent d’élus, mais de mettre à disposition de ces familles un toit. L’hiver approche sensiblement.
 
Rassemblons-nous ce vendredi 15 octobre à 14h devant la mairie de Montreuil, le plus nombreux possible.
 
 Indymedia Paris, 14 octobre 2010.
 
 
Les copains arrêtés à saintDenis déférés ce soir
 
Suite au blocage du lycée Paul Éluard ce matin à SaintDenis une manifestation dans le centre-ville se solde par une quinzaine d’interpellations. Au moins 3 personnes ont été déférés ce soir et passeront probablement en comparution immédiate demain à 13h à la 17e chambre du TGI de Bobigny. Soutien bienvenu !

 Indymedia Paris, 14 octobre.
 

Squats expulsés à Montreuil - Lycées bloqués et flashball dans la gueule
 
Rassemblement treize heure devant la mairie de Montreuil. Déjà, les adjoints de la maire Verte appellent les lycéens à rentrer jouer à la playstation ; celle qui emploie des milices canines pour expulser les Roms. Elle a fait un communiqué pour dénoncer «l’usage disproportionné de la violence policière». Tactique politicienne et cogestionnaire pour encadrer la rage. «Vos élus vous ont entendu, cette affaire ne restera pas lettre morte.» La démocratie ne paie pas. La mairie a failli être investie. Accrochage avec les vigiles. Bon an mal an, comme on dit, un rassemblement s’est tenu.
 
Manif sauvage. Porte de Montreuil : le centre commercial est pris d’assaut. Tremblez marchandises ! Quelques heurts avec les vigiles et la grille de Carrefour ; ça tape dans toutes les vitrines. Ça effraie marchands et clients. On ressort vite histoire de pas se faire prendre au coup, les keufs nous guettent. Direction le périph, les flics courent dans tous les sens sur le rond point pour en empêcher l’accès. Caillassage. On se dirige vers Paris. Quelques civils au loin qui s’enfuient. Ça retourne des barrières de chantiers. Fusées sur les flics qui suivent. Ce qui leur fait particulièrement peur et reculer. Outil stratégique. Quelques rues adjacentes et dispersion Aucune arrestation semble-t-il. RDV 11h vendredi matin, mairie de Montreuil.
 
À Paris. Manif jusqu’au Medef lycéenne et lycéen. Il n’y a pas grand monde par rapport au nombre de lycées bloqués sur Paris. À vrai dire, c’est une manif encadrée par les syndicats, essentiellement Unef et UNL, avec leur cortège de slogans contradictoires et débiles que l’on connaît habituellement, dictés au mégaphone par des gestionnaires en herbe. Nous prenons acte de l’ennui notoire que ce type d’organisation inocule dans la lutte. Du Medef, la manif se dirige vers Luxembourg. Devant la gare Montparnasse, il est question d’aller bloquer la gare. Mais grâce au SO de l’Unef, parrainé par l’UNSA, qui s’interpose la manif ne détourne pas son parcours improvisé avec les flics. Ce SO est largement dépassé par une masse «d’indépendants» (le Parisien) qui aux cris de «UNEF-MEDEF, même combat» s’oppose physiquement à l’autorité physique. S’en suit une petite baston sans conséquence. Mais nous savons qui sont les traîtres. Arrivés à Luxembourg, fin de l’UNEF.
 
Manif sauvage, tout le monde est là, même des petits buros de l’UNEF, mais cette fois, ils sont davantage polis et même deviennent sympathiques. Peut-être parce qu’ils n’ouvrent plus outrancièrement leurs gueules pour débiliter. La manif passe par le Pont Neuf après avoir esquivé un feinte des flics pour se faire serrer devant le Palais de Justice. On est peut-être mille. Nous ne sommes ni assez offensifs ni assez rapides pour passer la Rue de Rivoli, où les CRS nous ont pris de court et ont bloqué. Comme des petits moineaux, nous avons bifurqué alors qu’on aurait pu au moins passer la ligne de bleus. Nous prenons quelques détours et dispersion au niveau des Halles. Pas d’arrestations.
 
Soutien avec les camarades arrêtés. Offensive ! 
 
 Indymedia Paris, 15 octobre.
 
 
Manif devant le Medef
 
Environ six-cent personnes, en grande majorité des lycéens, se sont rassemblées devant le siège patronal. Enfin pas vraiment devant, parce que les patrons étaient protégés par une véritable barricade policière (barrière anti-émeute) qui barrait plus de la moitié l’avenue Bosquet. Candidement certains manifestants ornés de drapeaux de l’Unef et du Parti de gauche ont alors formé une chaîne humaine afin de protéger à la fois la police et le siège des exploiteurs, d’éventuels assaillants…
 
On est restés plantés là une petite heure puis on est partis dans une petite manif improvisée et tolérée par les keufs jusqu’au Sénat. Arrivés à Luxembourg, on a continué à manifester à une centaine, sauvagement et au pas de course cette fois, pourchassées par des dizaines de si-vils et de Crs, on a réussi à passer la Seine et on s’est évaporés vers les halles. Après les flics couraient partout dans le vide, des Crs bloquaient des rues où nous étions pourtant passés depuis plusieurs minutes. La confusion régnait dans la maison poulaga. C’était assez rigolo.
 
Grève générale jusqu’à la retraite ! 
 
Indymedia Paris, 14 octobre.
 
 
Comment une manif lycéenne orgas/flics se transforme en manif sauvage
 
Ce jeudi 14 octobre 2010, devait se tenir devant le MEDEF à Paris, à 15H30, une manif de lycéens, en pleine effervessence lycéenne, étant donné tous les blocages et manifs d’aujourd’hui. Ce fut épique !
 
14h30, les premiers groupes de lycéens/ennes sortent du Métro École Militaire ; ils sont pris en charge aussitôt par un flic en civil et une femme badgée de pied en cap, qui, avec des «C’est par là, les jeunes» pleins d’autorité, les orientent vers… la Tour Eiffel !!! Et oui ! On zappe le MEDEF, qui est pourtant là, bien visible dans l’Avenue Duquesne, encagé par les camions-grilles… Les civils, mine de rien, siègent en plein milieu du trottoir et de l’Avenue, décourageant toute éventuelle velléité d’aller plus loin… Mais, de toutes façons, le cœur n’y est pas, et les lycéens-moutons de Panurge suivent docilement leurs deux guides jusqu’à la Place Joffre (Puisqu’on vous avait dit école «militaire» !!! )… Mais, ils sont si jeunes !
 
Nos guides vont emmener comme ça tous les groupes là-bas, les uns après les autres. Quand, une heure plus tard, le bouchon, poussé trop loin, va commencer à céder… Les 1500 lycéens environ, vont envahir subitement, et dans un grand chahut, la route, abandonnant la Tour Eiffel, et semblant se rappeler où se trouve le Medef… Retour en arrière… Mais les orgas veillent, mettent en place un cordon SO comme des grands ; et celui-ci freine tant et plus la progression des lycéens ; comme si approcher le MEDEF était de la plus haute dangerosité. D’ailleurs, ils bloqueront tout le monde 50 mètres avant la limite imposée par les flics eux-mêmes.
 
Donc les Orgas n’ont confiance ni dans les flics ni dans les lycéens ; et de plus, imposent aux lycéens des mesures beaucoup plus draconiennes que la Police elle-même !!! Ils réussiront à maintenir les lycéens dans ces étroites limites jusqu’à la dispersion… Jamais une fois, on n’entendra un simple «À bas le MEDEF» qui aurait bien été le minimum «syndical» !!! Les lycéens, pas terrible d’inspiration, s’en tiendront à un «La retraite à 60 ans !» répété mille fois…
 
Une première tentative de manif sauvage lancée par les plus dynamiques, et sans doute moins encartés, va échouer. La manif va partir dans la direction de Montparnasse, selon l’itinéraire Orgas/police… Arrivés Place Montparnasse, une nouvelle tentative de sauvage, direction la Gare, rue de l’Arrivée, va échouer, elle aussi, lamentablement. Un petit groupe part dans la rue de l’Arrivée en appelant les copains… Aussitôt, un étudiant encarté s’interpose et vient les sermonner : «Ça va pas ! Les Cheminots sont en grève depuis trois jours ! On va pas aller dans la Gare !!!» Silence dans la salle… Il ajoute, finaud : «Les flics sont derrière nous ! Ils vont nous arrêter !!» Et cette fois, ça marche… Retour sur le parcours Orgas/flics, Boulevard de Montparnasse.
 
Là, nouvelle tentative de partir dans une petite rue à droite… À nouveau les Orgas reprennent tout en mains… Avec des frictions. On en vient aux mains ! Des cris fusent : «Unef-Medef… Co-lla-bos !!!» partout, les orgas interviennent avec des «C’est par là» autoritaires… pour finir par emmener tout le monde au bout de cette Odyssée : Place du Luxembourg, bien cernés par les keufs. La voiture des orgas s’éloigne en crachant dans son micro des «Rendez-vous pour les Retraites, telle date, etc.» Alors, un immense cri s’élève de la foule, ponctué de sifflets et de «Houeee !!!» avec des doigts levés sans équivoque… «Ils vont essayer de prendre Soufflot» dit un keuf… Soufflot est plein d’armures et de matraques… C’est pas pour cette fois…
 
La manif sauvage peut commencer… direction Saint-Michel, d’abord… Avec des «À bas l’État, les flics et les Patrons !!!» et «À bas le Salariat !» «Plus de travail du tout !!!» qui sont un autre programme… Pont Saint-Michel, un flic en uniforme fait signe aux manifestants d’avancer sur le Pont… Méfiance…
 
Tout le monde préfère tourner à gauche… et traverser la Seine sans encombres, sur le pont plus loin… Mais les civils ont tuyauté les convois par téléphone, et Rue de Rivoli, à quelques mètres près, c’est le Clash !
 
Les Robotcops tombent des camions, hargneux, et bloquent quasiment tout le monde… Reflux vers Châtelet… Le groupe est coupé en deux… Un dernier effort sur le Boulevard Sébastopol, et tous décident de se disperser. Fin de l’épisode ! Où l’on a vu d’étranges manipulations et des stratégies de libération s’imposer non sans mal, mais radicalement tout de même.
 
Indymedia Paris, 14 octobre.


Hasta La Victoria

Lycéens, squats: Montreuil sur une poudrière

14 Octobre 2010 Par Carine Fouteau Hugo Vitrani

La police est de sortie, ce jeudi 14 octobre à Montreuil-sous-Bois. Deux expulsions de squats et des affrontements violents avec des lycéens en grève en l'espace de quelques heures: le préfet de Seine- Saint-Denis, Christian Lambert, ancien patron du RAID, a déployé les grands moyens, cars de CRS, tonfas, flashballs, gaz lacrymogènes, avec dans le viseur, des cibles diverses. Résultat: des personnes à la rue, des sans-papiers arrêtés, des lycéens choqués, dont un hospitalisé après avoir été blessé au visage par un tir de flashball et une ambiance électrique partout dans la ville.

Tout commence par l'expulsion de deux squats, à l'aube. Les policiers font d'abord irruption dans un lieu appelé le «hangar», dans lequel logeaient des étrangers sans papiers, principalement d'origine malienne. Selon plusieurs témoignages, six personnes sont arrêtées et placées en garde à vue. C'est ensuite au tour de la Demi-Lune, tout près de là, d'être encerclée. Y vivaient depuis deux ans des militants actifs dans la lutte contre les expulsions de Roms et de sans-papiers. Cet endroit servait aussi de salle de concerts et de débats, dans le sillage de la Clinique, dont l'évacuation il y a un an et demi s'était terminée par un drame similaire: un manifestant avait été atteint à l'œil par un tir de flashball. (Lirel'enquête de Mediapart)

Présent jeudi matin au moment des faits, un des résidents de Demi-Lune, rencontré devant la mairie de Montreuil en milieu de journée, raconte que les policiers ont «défoncé les portes», qu'ils ont exigé des personnes vivant là qu'elles ne prennent que le «minium nécessaire» et que les«pelleteuses sont tout de suite arrivées pour tout détruire». Alerté sur ce qui se passait, l'écrivain Yves Pagès s'est rendu à proximité du squat. Il explique que de là, un détachement de CRS est parti vers le lycée Jean-Jaurès. «Je les ai suivi en scooter», dit-il.

«Et là, devant le lycée, poursuit-il, j'ai vu des policiers surarmés, en tenue de robocop, un déploiement de force complètement disproportionné par rapport à la situation. Je suis parent d'élève de ce lycée, j'ai interpellé un des policiers. Il m'a mis sous le nez son flashball et m'a dit: “ces morveux n'ont qu'à rester chez leurs parents, connard”. Un autre, qui était muni d'une gazeuse, m'a dit qu'il fallait bien qu'il se défende. Il y a eu des tirs de lacrymogènes et de flashballs. J'ai vu le blessé dans le camion de pompier. Il y a eu aussi un gamin qui a été arrêté et menotté devant ses camarades. Des jeunes filles ont pris leur premier coup de tonfa. Qu'on lâche, comme ça, des CRS sur des gamins, grévistes, en plus, c'est inadmissible.» Et il dénonce l'«hyperbanalisation» de l'usage du flashball dans les banlieues, «là où les flics ont un sentiment d'impunité. Jamais des policiers n'interviendraient comme ça en plein Paris!»

Des affrontements violents ont eu lieu, même la police en convient. Selon une procédure rodée dans ce type de cas, la préfecture de Seine-Saint-Denis diffuse via l'AFP ses «éléments de langage»: les policiers «ont été la cible de jets de projectiles», un jeune de 16 ans a été «légèrement blessé au visage par un tir de flashball», l'adolescent a été évacué à l'hôpital André-Grégoire de Montreuil et l'Inspection générale des services (IGS) «a été saisie» par le préfet.

«À partir du moment où des lycéens bloquent des établissements, nous ne pouvons plus répondre de leur sécurité, car certains blocages risquent de dégénérer en début d'émeutes urbaines», déclare de son côté à l'AFP l'inspecteur d'académie, Daniel Auverlot.

Woerth: «Je salue le sang froid des forces de l'ordre» Vers 13 heures, plusieurs centaines d'élèves des trois lycées de Montreuil, Condorcet, Eugénie-Cotton et Jean-Jaurès, se réunissent devant la mairie. Margot, en terminale S, explique pourquoi elle manifeste contre les retraites: «On ne bloque pas par plaisir. Sarkozy veut obliger nos parents à travailler plus longtemps, sans qu'ils aient plus de droits, alors que nous, nous allons arriver sur le marché du travail, nous n'aurons pas de travail. C'est le monde à l'envers!»

À cette heure, outre les lycéens, une foule hétéroclite de Montreuillois se retrouve devant la mairie, des enseignants indignés, des syndicalistes CGT et employés territoriaux en colère, des agents de la mairie houspillés par des militants opposés aux expulsions de Roms. Messages successifs et désordonnés au mégaphone, rumeurs en boucle sur les événements de la matinée. Ça part dans tous les sens.

Certains des lycéens rejoignent, en métro, les manifestations parisiennes à Jussieu ou devant le Medef. D'autres, de manière spontanée, marchent dans la ville. Avant de traverser le périphérique, en direction du lycée Ravel, une cinquantaine d'entre eux s'engouffrent dans un centre commercial, en ressortant aussi vite qu'ils étaient entrés, mais semant la panique chez les commerçants.

Une fois dans Paris, leur cortège se délite, les forces de l'ordre interviennent là encore à coups de gaz lacrymogène. Les yeux rougis, plusieurs jeunes rentrent chez eux, avec un sentiment d'incompréhension énorme: «Demain, on va revenir, on bloquera le lycée, et là on aura nos capuches, nos baskets et de quoi nous défendre!», lance Fatima, en première comptabilité au lycée Eugénie-Cotton.

Dans l'après-midi, les violences trouvent un écho jusqu'au Sénat où Dominique Voynet (Verts), la maire de la ville, prend à partie Éric Woerth: «J'ai bien compris que vous cherchiez à faire porter à la gauche la responsabilité de troubles que votre aveuglement et votre surdité seuls expliquent (...), que vous êtes en difficulté face à la rue. Mais je vous pose la question: le pouvoir est-il à ce point fébrile qu'il en soit réduit à ce genre de provocation? Que vaut donc un pouvoir politique quand il en est réduit à tirer sur ses enfants?» Ce à quoi le ministre du travail répond, cinglant: «Je salue le sang froid et le professionnalisme des forces de l'ordre en France», s'en prenant à «tous ceux qui attisent, qui poussent les jeunes à descendre dans la rue».

Lors d'une conférence de presse, Dominique Voynet précise que le lycéen touché par le flashball a «trois fractures au visage», qu'il «va être opéré demain (vendredi)» et qu'il «risque de perdre un oeil».

http://www.mediapart.fr/journal/economie/141010/au-gre-des-ag

Au gré des AG...

14 Octobre 2010 Par Antoine Perraud

11h30. Gare Saint-Lazare, Paris.

Le haut-parleur diffuse la contrition de la SNCF dans les moindres recoins, dont ce hall donnant rue de Londres où se tient l'assemblée générale des cheminots: «Nous vous prions de nous excuser pour les retards...» «Oh ! ta gueule !», s'époumonent deux cents voix, tandis qu'un représentant de la CGT propose: «Si la direction n'éteint pas ce putain de haut-parleur, nous tenons la prochaine AG à l'accueil!»

Au micro, avec une sono des familles, un délégué de Sud reprend son propos: «Construisons ce mouvement ensemble, les clefs, c'est nous qui les avons.» Un jeune cégétiste s'en prend ensuite à un cadre régional qui lui a répondu «ne pas faire de politique» alors que notre militant essayait la veille de le rallier à la grève. Une collègue du même syndicat tient à prendre la parole pour avertir: «Il est importantd'élargir le mouvement. Il ne faut pas incriminer les salariés qui ne peuvent pas faire grève. Il existe d'autres moyens d'action. Il est important d'avoir avec eux un débat politique et syndical.»

Un responsable de Sud annonce: «Il y a cinq cents gamins dans la rue avec des pancartes. Ils vont tenter de faire la jonction avec d'autres lycées. Ils vont débarquer à mille cinq cents mômes à Saint-Lazare. Nous avons réussi à trouver un porte-parole à peu près correct et c'est ce qu'il nous a dit. Il va falloir encadrer ces jeunes, s'ils se mettent, par hasard, à vouloir envahir les voies.»

Un délégué CGT précise: «En tant que cheminots responsables, nous ne pouvons nous permettre certains incidents. Mais encadrer ces jeunes, ce n'est pas les empêcher de manifester. Il faut soutenir ceux qui viennent nous soutenir. Et cette nouvelle nous fait chaud au cœur. Mais ne partons pas après l'AG. Il nous faut une quarantaine de copains au cas où.»

L'heure du vote sur la reconduction de la grève sonne vers midi. Au dépôt d'Achères, la consultation vient d'avoir lieu, annonce un syndicaliste: 109 pour la reconduction, 0 contre, 7 abstentions. Ultimes prises de parole avant le scrutin à Saint-Lazare. Un salarié sans badge:«On sent autour de nous une ambiance assez rare. Hier, dans un train, je passais un coup de fil en rentrant chez moi. Je tâchais d'être discret. Mais quand des passagers ont entendu que je parlais d'AG, ils sont venus vers moi, m'ont expliqué qu'ils essayaient eux-mêmes de se mettre en grève dans leurs boîtes du privé. Je n'avais jamais connu de soutien pareil de la part des usagers.»

Le responsable de la CGT: «Juste une anecdote, les copains. La nounou marocaine qui s'occupe de mes deux filles, parce qu'elle m'avait vu à la télé, nous a apporté du couscous par soutien avec les grévistes. Je ne sais pas si je pourrai l'augmenter, mais je vais voir!...»

Le vote prend place. Qui est pour la reconduction? Une marée de mains se lève. Un cheminot dénombre. Un fatal «j'espère qu'il compte pas comme les flics» fuse des rangs. 199 pour, 0 contre, 1 abstention. Le responsable de Sud se réjouit: «Nous sommes 21 de plus qu'hier.» Puis il apostrophe l'abstentionniste: «Laurent, tu ne veux pas changer de vote, pour que nous soyons 200 tout rond?» Laurent est un conducteur néanmoins gréviste, pour respecter les décisions de l'AG. Pourquoi s'abstient-il? «Vous n'en saurez rien», répond-il au journaliste de Mediapart. Le collectif se sépare en chantant : «Tous ensemble, tous ensemble!»

14h. Bourse du travail, place de la République

Sous la verrière de la «Grande Croizat», cette salle aux boiseries travaillées, ornée des bustes de Marianne et de Jean Jaurès, des mosaïques énumèrent divers métiers («Mégissiers, passementiers, limonadiers, fondeurs, tabletiers, doreurs, gainiers, luthiers...»). Un barbu chauve arbore sur son pull kaki un grand rectangle rouge, sur lequel s'inscrit en lettres noires: «Instit en grève reconductible.»

L'AG dite parisienne commence, avec 120 personnes présentes. L'ambiance n'est pas festive. 0,8% de cessation de travail, affirment les statistiques officielles. On se lance avec le compte-rendu des AG tenues localement le matin même. Six grévistes dans les quatre premiers arrondissements de la capitale: «Nous n'avons pas d'AG locales, personne ne vient.» Aucun représentant des Ve, VIe, VIIe ni VIIIe arrondissements. Pour les IXe et Xe, 7 grévistes en tout et pour tout:«Théoriquement, il y aura plus de monde lundi. On continue les tours d'école de mobilisation.» Dans les XIe et XIIe, 25 grévistes: «On se rassemble demain à 8h30 place Voltaire. C'est un test, on ne sait pas ce qu'on va faire. C'est un démarrage.» Les arrondissements s'égrènent, avec les deux seuls grévistes du XVIIe. Dans le XVIIIe, une trentaine de grévistes, qui se sont réunis dans l'école de la rue Pajol, elle-même occupée par des parents grévistes. La situation est confuse dans le XIXe, certains se déclarant grévistes les jours pairs, les autres les jours impairs. Les postiers étaient présents à l'AG.

Demain à 6h, diffusion de tracts au métro Laumière, pour appeler à manifester samedi et à organiser des AG dans tous les milieux professionnels.

Un point est fait sur le second degré «à la traîne à Paris par rapport au reste du pays». Trente-quatre lycées de la capitale sont annoncés bloqués par les élèves, «avec une participation inégale des profs, impliqués ou aux abonnés absents. Côté facs, ça bouillonne, mais seulement deux sont mobilisées, Paris I Tolbiac et Paris VII Grands Moulins.»

Les prises de parole insistent sur la nécessité d'éviter l'émiettement des actions: «Mieux vaut se coordonner pour réaliser un seul rassemblement plutôt que cinq ridicules au Sénat, au Medef, à l'Hôtel de ville, à la Sorbonne, ou à la bourse du travail.»

Un instituteur s'élève contre l'apathie de «l'interfédérale de l'Éducation nationale». Il affirme: «Je vote pour la grève, je la ferai, mais je ne fais pas comme si les fédérations appelaient à la grève puisqu'elles n'y appellent pas et que je vais continuer de m'époumoner à les interpeller!»

Le scrutin a lieu: «C'est les enseignants qui votent, pas les parents», précise une syndicaliste. Sur 125 présents, 117 prennent part au vote: il y a 101 voix pour la reconduction de la grève, aucune contre, 7 abstentions.

Quelles actions pour demain? «Un lancer de chaussures!», plaisante une participante.

Plus d'infos : http://blogs.myspace.com/index.cfm?fuseaction=blog.create&editor=True#ixzz12MrI0ANg

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire