samedi 18 septembre 2010

Répression policière sur le campus de Strasbourg

À l’occasion de la venue de la ministre Valérie Pécresse ce matin du jeudi 16 septembre, environ 150 personnes se sont rassemblées devant le «nouveau patio», bâtiment réservé à ladministration et à la direction comme symbole de puissance de sieur Béretz et de la nouvelle Université De Strasbourg (UDS) privatisée.
 
La première visite de la Sinistre d’État le 5 février 2009, rappelons-le, a donné lieu à une manif de 2000 personnes dont 200 tentant dinvestir par la force le Palais U alors réquisitionné par la police et débouchant sur une dure répression gazage-matraquage-charge. Suite à cela, beaucoup détudiants et personnels venus ce matin à 8h30-9h savaient très bien à quoi sattendre.
 
Des flics en civil, par dizaines, dans toute la zone du patio des Sciences Humaines, la BAC massivement présente, ainsi quune grosse quinzaine de cars de police et gendarmes mobiles dans les rues adjacentes au campus, prêts à intervenir. Daprès les médias, les flics étaient aussi nombreux voire plus que les protestataires, à savoir une grosse centaine.  Pécresse arrive, aussitôt huée et insultée à coups de slogans généraux : «guerre sociale contre le capital», «contre la casse sociale, grève générale», «Pécresse, casse-toi, on ne laissera pas nos facs au patronat», «police partout, justice nulle part», etc.
 
Notons létrange disposition des protagonistes : face au «nouveau patio» que Pécresse est venue inaugurer, un imposant dispositif mais sans surprise de BACceux auxquels font donc front 150 étudiants, profs et personnels. LUNEF se met bien à lavant du rassemblement, devant caméras et photographes, munie dun mégaphone quelle refuse de prêter de temps à autre aux autres étudiants. Tout le corps professoral se positionne à droite et la grosse soixantaine détudiants dont de nombreux radicaux à gauche. Entre les deux, un vide. À gauche, ça scande, ça gueule, ça hue, sans drapeau ni pancarte, sans méga ni sifflets. À droite, mis à part les mégas, troupe funèbre si lon excepte le moment du passage strict de Pécresse. Toute la flicaille se regroupe ainsi sur la gauche, prête à nous contrer.
 
Étant donné le nombre de gens présents, lévènement reste une victoire politique pour nous. Malgré le peu daffluence, suite pourtant à un tractage et affichage massif, nous sommes malgré tout cette centaine de protestataires. De fait, nous ne comptons que sur nos propres forces et scandons, faisons du bruit, huons, nos voix portant sur tout le campus. Tandis que nous voyons Béretz-le-Président et Pécresse prendre leurs petits fours à létage derrière de grandes baies vitrées…
 
Les étudiants prennent alors linitiative de se regrouper en lignes, au coude à coude, pour beaucoup masqués, ce très rapidement, et tentent de marcher sur le bâtiment. Inertie des autres groupes politiques présents (NPA, UNEF, JC, etc.) et des profs qui ne scandent même pas le minimum de solidarité alors nécessaire. Accrochage direct avec flics en civil et BACceux, échanges de coups et finalement gazage au lacrymo à bout portant en plein visage. Repli. De nombreuses personnes salement touchées. Mais la solidarité est active, les dacryo sérum tournent, nous nous regroupons et sommes de nouveau parés à la moindre tentative de la part des flics. Des projectiles d’œufs sont lancés à plusieurs reprises sur la BAC, on se remet à lavant, à scander «Pétain, reviens, tas oublié tes chiens», «police partout, justice nulle part», «police, milice organisée», «flics, porcs, assassins». Un petit block masqué se reforme.
 
Cest à ce moment quinterviennent les gendarmes mobiles qui viennent sur-équipés et salignent devant nous pour protéger le bâtiment. De nouvelles lignes sont tentées mais la rage est disparate, et ça gueule, ça chante. Remarquons de nouveau la mise à lécart de lUNEF et du NPA, ainsi que linertie professorale malgré quelques individus isolés encore présents. Notons cependant le communiqué de solidarité de SUD.
 
Pas de blessés, pas darrestations. Mais menaces de poursuite judiciaire pour les «projectiles».
 
Malgré les grands discours dauto-satisfaction autiste de Pécresse, qui se permet dailleurs de nous narguer (cf. Feuille de Chou : «Pécresse s’est vantée à la télé  qu’il n’y avait que 150 personnes au lieu des 1500 l’an dernier. Comme si c’était comparable et que ça signifie une moindre opposition à la politique universitaire du gouvernement.»), elle na pas pu empêcher, ni Béretz-le-président, lintervention des gendarmes mobiles qui se sont positionnés, suréquipés, en plein milieu du campus. Car ils voulaient éviter limage spectaculaire dune force armée policière visible au sein de lenceinte universitaire.
 
Nous avons fait le maximum avec les forces en présence. À la sortie de Pécresse, ça beugle dautant plus.
 
12h, Assemblée Générale rassemblant une centaine de personnes. Représentants FO et CGT, professeurs et BIATOS sont présents. Mais le corps de lAG reste les étudiants. Bilan de laction et la répression, suivi dun point sur les perspectives. Le mouvement social est là, tendu, bouillonnant, général. Nous débattons plus ou moins sereinement de notre capacité à être un levier pour encourager un mouvement de grève dure avec la convergence des luttes pour point de départ.
 
Réunion LUNDI 12H CAFÉTERIA DU PORTIQUE. ASSEMBLÉE GÉNÉRALE MARDI. GRANDE MANIF LE 23 que lon va tenter de rendre pertinente en contactant les salariés des différents secteurs en vue dune grande AG interpro pour une grève générale reconductible, avec actions communes.
 
Même si cela fait grincer des dents, notons quand même louverture de la CGT-FO à vouloir nous appuyer pour des actions et AG communes, en vue dun mouvement global et durable. Même si nous restons lucides et prudents, il serait stupide pour lheure de refuser la perche tendue. La FO a parlé dune grève reconductible à partir du 24 septembre. Nous verrons sur le terrain. Quant aux personnels Biatos, ils ont manifesté leur volonté de lutte qui est réelle, en soulignant leur incapacité à sorganiser avec cohérence pour une grève dure. Par rapport à cela, les étudiants ne sont pas là pour se battre et revendiquer à leur place, mais au contraire pour les encourager à stopper la machine universitaire par un soutien actif (caisse de lutte et de solidarité, convergence avec les autres salariés, appui lors dactions et manifs, etc.)
 
Nous ne sommes pas revenus sur la LRU qui nest quun maillon dune grande chaîne de casse sociale généralisée à laquelle nous sommes conscients de la nécessité de répondre par une riposte sociale encore plus générale. Nous avons pour objectif de multiplier les actions avec les salariés et de converger avec eux dans nos prises de décision pour un grand mouvement global contre la réforme des retraites et la casse sociale dans son ensemble.
 
Contre le Capital, contre l’État, guerre sociale.
Nous ne lâcherons rien.
 
Guitoto
Courriel, 17 septembre 2010.

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