samedi 13 novembre 2010

Des lycéens bloqueurs exclus après avoir été filmés



Plusieurs exclusions d’élèves accusés de blocages, sur la base de vidéos, de photos ou d’échanges sur Facebook, créent la polémique.

JOFFREY VOVOS (AVEC C.P.)


Des photographies et des vidéos prises par le personnel administratif ainsi qu’un dossier constitué à partir de messages sur Facebook : voilà ce qui a valu quarante-huit heures d’exclusion à dix élèves du lycée Galilée de Combs-la-Ville (Seine-et-Marne), soupçonnés d’avoir bloqué leur établissement dans le cadre des manifestations contre la réforme des retraites.

Malgré les protestations de syndicats d’enseignants et de familles, ces adolescents ont été renvoyés « sur simple décision de la proviseur, sans passage par un conseil de discipline, ce qui aurait au moins permis de discuter les fameuses preuves », déplore Eric Sueur, secrétaire départemental de la FSU, le principal syndicat de la fonction publique.

« D’importants incidents ont eu lieu devant le lycée, justifie Jacques Marchal, l’inspecteur d’académie. Le proviseur doit utiliser tous les moyens en sa possession pour assurer la sécurité des élèves dans l’enceinte et aux abords de l’établissement. » « Le problème, c’est qu’un amalgame a été fait avec des gens extérieurs venus semer le trouble », réplique Jean-Claude Fagnen, de l’association de parents d’élèves FCPE.

L’administration veut malgré tout minimiser : « Les sanctions ont été très modérées, et elles disparaîtront du livret scolaire dès la fin de l’année. »

Marie-Claude, une élève de 2de, juge tout de même la punition sévère : « La proviseure a sorti une photo de moi prise près de la grille par un agent d’entretien, et ça a suffi à ce que je sois renvoyée. » Un autre élève a, lui, été exclu parce qu’il appelait, sur un groupe Facebook, à barrer l’entrée avec des matériaux de construction.

« Cerise sur le gâteau de la provocation, poursuit Eric Sueur, ces élèves ont dû, avant de réintégrer (hier) le lycée, rédiger un devoir tendancieux sur la réforme des retraites, remis en main propre à la proviseur. »

L’exclusion avait déjà été brandie comme menace ailleurs à la veille des vacances, par des chefs d’établissements . Ainsi à Saint-Maur (Val-de-Marne) où les parents de certains élèves, qui avaient rejoint le groupe constitué sur Facebook « pour bloquer d’Arsonval », ont reçu des coups de fil d’avertissement.

En Seine-Saint-Denis, le retour des vacances de la Toussaint rime déjà avec punition pour une vingtaine d’élèves, « piégés » par les caméras du lycée privé Jean-Baptiste-de-la-Salle. Deux d’entre eux ont été exclus définitivement, et plusieurs autres temporairement.

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